September 26, 2025

Pourquoi la réglementation des jeux de hasard en Ontario est-elle un modèle à suivre pour le reste du Canada ?

Le jeu en ligne connaît une croissance fulgurante au Canada, et rien ne semble pouvoir arrêter cette tendance. De plus en plus de Canadiens misent sur les machines à sous et les paris sportifs sans quitter leur salon. Résultat : les provinces se bousculent pour moderniser leurs lois sur les casinos en ligne.

En avril 2022, l’Ontario a ouvert la voie en devenant la première province à réglementer complètement le jeu en ligne. Un virage historique : le marché a été ouvert aux entreprises privées, rompant ainsi avec le modèle purement gouvernemental. L’objectif est clair : assurer la sécurité des joueurs tout en favorisant une concurrence équitable.

Ailleurs au pays, on avance plus lentement. L’Alberta commence à peine à explorer de nouvelles avenues, tandis que le Québec mise encore principalement sur son site gouvernemental. Comparé à l’Ontario, ces approches semblent en retard.

Alors, qu’est-ce qui rend le modèle ontarien si performant ? Voici les éléments clés que l’Alberta et le Québec pourraient adopter pour améliorer leur propre système.

Un modèle iGaming ontarien : transparent, concurrentiel et accessible

L’Ontario a mis en place un cadre bien structuré pour encadrer les jeux en ligne. C’est iGaming Ontario (iGO), un organisme rattaché à la Commission des alcools et des jeux de l’Ontario (CAJO), qui chapeaute le tout.

Voici comment ça fonctionne :

  • La CAJO établit les règles. Toute entreprise souhaitant opérer un casino en ligne en Ontario doit passer des vérifications strictes : antécédents, stabilité financière, sécurité des plateformes.
  • Une fois approuvée, iGO signe un accord avec l’opérateur, définissant les modalités de partage des revenus et les responsabilités de chacun. iGO supervise également les opérations pour s’assurer du respect des normes.
  • Ce système ouvert permet à plusieurs casinos de coexister, créant ainsi plus de choix, une meilleure qualité de service et des retombées économiques accrues pour la province.

En juin 2025, l’Ontario a annoncé une révision complète de son modèle iGaming. Non pas parce qu’il est défaillant – notamment dans les casinos à faible dépôt minimum – mais pour s’assurer qu’il continue d’évoluer. Preuve que la province ne se contente pas d’établir la norme. Elle l’élève.

L’Alberta avance… mais prudemment

Alors que l’Ontario a ouvert grand les portes à la concurrence, l’Alberta reste sur la retenue. Pendant longtemps, la province a fonctionné selon un modèle de monopole public.

Le seul site légal pour les jeux de casino et les paris sportifs en ligne : PlayAlberta, géré par Alberta Gaming, Liquor & Cannabis. Le hic ? Aucune concurrence, ce qui limite les innovations et le choix pour les joueurs.

Face à cela, des discussions ont émergé autour du projet de loi 48, la Loi sur iGaming Alberta, qui ouvrirait la voie aux opérateurs privés. Mais l’entrée de ces nouveaux acteurs ne se fera probablement pas avant début 2026.

Résultat : les joueurs albertains ont peu d’options, et le cadre actuel n’est ni aussi ouvert ni aussi clair que celui de l’Ontario.

Le Québec sous pression pour moderniser son système

Contrairement à l’Ontario et l’Alberta, le Québec s’en tient à son modèle traditionnel. C’est toujours Loto-Québec qui détient le monopole des jeux de hasard en ligne.

Cette préférence pour un contrôle gouvernemental s’explique, entre autres, par un attachement culturel fort à l’économie publique. Mais ce modèle montre ses limites.

En juin 2025, des voix se sont élevées pour réclamer une réforme. La Coalition québécoise du jeu en ligne, regroupant des acteurs comme DraftKings, Flutter et Betway, milite pour l’ouverture du marché.

Aujourd’hui, de nombreux joueurs québécois se tournent vers des sites non réglementés, ce qui les expose à des risques – et prive la province de revenus importants.

En refusant d’évoluer, le Québec risque non seulement de freiner son développement économique, mais aussi de compromettre la sécurité des joueurs. L’élection provinciale de 2026 s’annonce cruciale pour amorcer un véritable virage.

Retombées économiques : l’exemple rentable de l’Ontario

L’ouverture du marché en Ontario a rapporté gros — autant pour les joueurs, les entreprises que les finances publiques.

Quelques chiffres :

  • Entre avril 2024 et mars 2025, les revenus ont atteint 3,20 milliards $, soit une augmentation de 32 % par rapport à l’année précédente.
  • Les mises totales se sont élevées à 82,7 milliards $, principalement en jeux de casino.
  • OLG (Ontario Lottery and Gaming Corporation) a généré 630 millions $ en 2023-2024 via les jeux en ligne et les paris sportifs.

Tout cet argent est réinvesti dans les services publics, la sécurité des joueurs et l’amélioration du cadre réglementaire.

À titre comparatif :

  • PlayAlberta a enregistré 235 millions $ en ventes nettes.
  • Loto-Québec a rapporté près de 3 milliards $ en revenus pour 2024-2025, avec un bénéfice net de 1,5 milliard $. Mais son système reste fermé à la concurrence, ce qui pourrait limiter sa croissance future.

Le modèle ontarien prouve qu’un marché concurrentiel bien encadré peut générer d’importants bénéfices pour tous.

Protection des joueurs : l’Ontario en tête de peloton

La sécurité des joueurs est au cœur du système ontarien. Ce n’est pas un simple bonus : c’est un pilier de la réglementation.

Chaque casino agréé doit offrir des outils concrets pour aider les joueurs à jouer de manière responsable :

  • Limites de dépôt
  • Périodes de pause
  • Auto-exclusion

Des campagnes de sensibilisation publique sont aussi mises en place pour encourager des comportements sains.

En plus, les opérateurs doivent respecter plusieurs normes :

  • Lutte contre le blanchiment d’argent (AML) : vérification de l’identité, signalement des activités suspectes à CANAFE.
  • Vérification de l’âge : tous les joueurs doivent avoir au moins 19 ans, et l’identité doit être vérifiée avec rigueur.
  • Équité des jeux : utilisation de générateurs de nombres aléatoires (RNG) testés par des entreprises indépendantes.
  • Protection des données : chiffrement des données et respect des lois canadiennes sur la vie privée.

À l’inverse, les systèmes gouvernementaux du Québec et de l’Alberta manquent de transparence, ce qui soulève des questions sur l’efficacité réelle de leurs protections.

L’Ontario place la barre très haut — et c’est exactement ce qu’il faut pour un marché en ligne sécuritaire.

Pourquoi le reste du Canada devrait suivre l’exemple ontarien

Le système de jeux en ligne de l’Ontario est un exemple clair de ce que peut offrir un marché ouvert, concurrentiel et bien réglementé :

  • Plus de choix pour les joueurs
  • Plus de transparence
  • Plus de revenus pour les programmes publics
  • Et surtout, plus de sécurité pour tous

Des provinces comme l’Alberta et le Québec ont tout à gagner à moderniser leur approche. En s’inspirant de l’Ontario, elles peuvent bâtir un marché plus dynamique, responsable et rentable.

À mesure que le jeu en ligne devient un pilier du divertissement canadien, les provinces les plus transparentes, innovantes et soucieuses de la sécurité des joueurs seront les mieux placées pour prospérer.